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Ben Sirac 32-14 – Colossiens 312-21 –  Matthieu 213-23

 

Pour la fête de la Sainte Famille dans le cycle des trois années l’évangile évoque les souvenirs que st Matthieu et st Luc ont recueillis pour l’enfance de Jésus. C’est la fuite en Égypte qui sera le thème de notre lecture, précédée de deux autres qui sont les exhortations à mener une vie familiale qui s’épanouisse sous le regard de Dieu et dans l’amour du Christ.

Quelle bonne idée d’emprunter à Ben Sirac un texte sur la famille pour la fête d’aujourd’hui ! Jugez plutôt : l’auteur dirigeait une école de sagesse à Jérusalem vers 180 av J.C., il écrit en hébreu. Cinquante ans plus tard, son petit-fils traduit le travail de son grand-père, cette fois dans le grec. Travail familial s’il s’en fut. (Cherchez dans vos Bibles et lisez l’introduction, un émouvant témoignage de piété filiale). Pourquoi avoir supprimé de notre texte liturgique (versets 7-11 ; vérifiez encore) l’appel au respect des anciens lancé par le petit-fils ? Celui-ci avait conscience qu’à côtoyer de trop près des païens on risque de bientôt penser et vivre comme eux. La réflexion ne serait-elle plus de saison ?

Accueillons avec ferveur les conseils de Paul qui n’ignore pas nos difficultés (‘‘supportez-vous les uns les autres’’) en affirmant le primat absolu de l’amour. Et en finale ne le traitez pas de machiste : quand il parle de ‘‘soumission’’, c’est le thème biblique de l’obéissance, le croyant ne se sent pas diminué parce qu’il met son oreille sous la parole de Dieu (c’est le sens de ‘‘obéir’’, obaudire en latin) : il sait que Dieu n’est qu’Amour.

Il faut beaucoup d’attention pour entendre le message de la fin de ‘‘l’évangile de l’enfance’’ de Matthieu. Deux parties dans notre texte introduites par ‘‘Après… l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph…’’ Les versets 13, 14, 15 nous rappellent l’aventure d’une autre famille douze siècles auparavant sur cette même terre d’Égypte. La prophétie d’Osée (111) disait ‘‘d’Égypte j’ai appelé mon Fils’’. C’était Israël, l’enfant tendrement aimé par Dieu. Jésus, nouvel Israël, peut être entouré de la même tendresse. Mais après la résurrection de Jésus, les premiers disciples comprennent que ‘‘fils de Dieu’’ voulait dire infiniment plus.

La deuxième partie fait ‘‘revenir’’ Jésus non pas de Judée mais en Galilée des nations, carrefour ouvert sur l’universel. (= thème essentiel de l’évangile selon Matthieu). ‘‘Il sera appelé Nazaréen’’ pour que s’accomplisse ce qu’avaient dit les Prophètes. Le petit ennui c’est que jamais ‘‘Nazareth’’ n’est cité dans l’Ancien Testament. Toutefois quand Matthieu écrit la dernière rédaction de son évangile les chrétiens sont traités de Nazaréens (cf les Actes). Courage, semble leur dire l’évangéliste, on s’est moqué de Jésus avant de se moquer de vous (cf Jean 146). En tous cas ‘‘Nazaréen’’ d’un côté, ‘‘Fils de Dieu’’ de l’autre, le Messie ne suit pas des sentiers déjà tracés. Vous risquez fort d’être surpris ! Paradoxe stupéfiant ou bien plutôt notre commun paradoxe : notre histoire humaine, l’histoire de nos familles est en vérité une histoire divine.

26 décembre 2010