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Sophonie 23 - 312-13 – I Corinthiens 126-31 –  Matthieu 51-12

 
Les liturgies de nos dimanches vont désormais nous inviter à lire le texte de l’évangile de Matthieu.
 
Pour nous préparer à accueillir le premier des 5 ‘‘discours’’ qui constituent l’essentiel de cet évangile et qui débute par une déclaration de bonheur, il était bon de choisir Sophonie le prophète du 7ème siècle avant J.C. dont le message tient en six courtes pages et qu’on ne lit que deux fois en trois ans dans nos liturgies dominicales. Ce livret commence par une violente mise en garde adressée aux riches et aux puissants qui ne pensent qu’à leurs intérêts égoïstes et pactisent plus ou moins avec la puissance de l’Assyrie : pensez donc les temps sont favorables pour les affaires juteuses : le nouveau roi dont le père vient d’être assassiné n’a que huit ans en montant sur le trône. Sophonie ne voit de solution que dans un vigoureux coup de balai dont se chargerait le Seigneur. Alors le salut serait accordé au peuple des petits, des courbés, des pauvres de Dieu, les ‘‘Anawim’’ – ce ‘‘Reste’’ sera chargé de révéler au monde le projet de Dieu –. Comme toujours c’est une poignée de croyants qui est envoyée comme ferment dans la pâte.

Mais quand Jésus est au début de sa vie publique il traverse une période de succès et les foules le suivent (pour combien de temps ?). Et Jésus en regardant cette foule pose sur tous ces gens le regard de Dieu. Il leur fait un beau compliment ; ‘‘heureux êtes-vous…’’ (vous connaissez sans doute l’essai de traduction de André Chouraqui : ‘‘en marche’’ comme pour dire : tu es bien parti, tu es en marche vers le Royaume !). Regardez bien, nous dit Jésus, quelle grâce, quelle chance ont tous ces gens ; leurs diverses situations ne correspondent guère à l’idée que le monde se fait du bonheur (et nous ?) – (‘‘on vous a dit… mais moi je vous dis…’’) des doux, des affligés, des affamés et assoiffés de justice, des compatissants, des cœurs purs, des persécutés pour la justice, des créateurs de paix –. En admirant ainsi, Jésus nous apprend à nous émerveiller à notre tour et à changer nos médiocres échelles de valeur : en haut les riches, les puissants, les gagneurs adulés par nos médias rigolards et en bas le reste). Jésus nous dit la présence du Royaume là où nous ne l’attendions pas. Ce renversement si paradoxal peut nous conduire à une jubilante action de grâces. Notre faiblesse même devient la matière première préférée du Royaume de Dieu.

Le texte de Paul aux Corinthiens brille alors d’une décisive évidence : ‘‘Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi’’.

Et le psaume 145 sera chanté en vérité :
 
‘‘Le Seigneur fait justice… il donne… il délie, il ouvre les yeux, il protège, il soutient…
Oui le Seigneur est ton Dieu pour toujours.’’

30 janvier 2011