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Isaïe 611-11 – 1ère Thessaloniciens 516-24 – Jean 16-8 19-28

On appelait traditionnellement le 3ème dimanche de l’Avent celui de « Gaudete », le premier mot du chant d’ouverture de la messe : « Soyez dans la joie du Seigneur ». Et C’est bien de joie que nous parlent les textes de cette liturgie.

Isaïe d’abord : « L’Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres (= aux dos courbés) ». Le peuple vient de revenir d’exil : Babylone est tombée au pouvoir du roi de Perse Cyrus qui favorise le retour des populations déplacées dans son empire par ses prédécesseurs. Les déportés sont donc bien revenus mais la situation n’est pas brillante dans leur pays où ils n’étaient guère attendus… Le Temple va bien être reconstruit mais sur ordre d’un souverain étranger. Et l’attente juive d’un messie va donc évoluer : Le Messie pourrait bien être un prophète plutôt que le roi attendu : ébranlement de nos certitudes ? ou Dieu toujours surprenant ? L’année de bienfaits, soit sabbatique tous les 7 ans, ou jubilaire tous les 50 ans, avec ses exigences de libération pour les esclaves hébreux (souvenez-vous Exode 212 , Deutéronome 1512-15 ou Lévitique 2510 et 2555 ). On essayait de redécouvrir l’idéal de justice sociale voulu par Dieu pour que la terre soit sainte !

 

Comparez la finale de notre texte avec le Magnificat de Marie (chanté avant la 2ème lecture). Et laissez-vous entraîner par Paul « Soyez toujours dans la joie » en ne le prenant pas pour un doux naïf qui ne se rend pas compte des difficultés et des drames (nos sinistres guerres d’aujourd’hui) : il écrit aux thessaloniciens parce qu’il a dû les quitter après quelques semaines seulement d’évangélisation : la persécution se déchaînait contre lui (et ce n’était pas la dernière fois !). Mais rien ne compte davantage que de préparer « la venue de Notre Seigneur Jésus Christ » !

 

Préparer cette venue, c’est la vie même et le message de Jean le passeur. Ce texte, la 2ème introduction de l’Evangile Joannique, est écrit pour nous poser la question tout au long du livre entier, du sens de nos vies et de la valeur de nos attentes. Mais il faudrait lire non jusqu’au verset 28 mais bien jusqu’au 34. Et alors vous découvrez avec émerveillement que Jean est bien notre frère dans la foi : il a traversé la nuit, il a commencé à annoncer la présence de Jésus au milieu des hommes sans l’avoir vraiment rencontré. A cela on reconnait le prophète : même dans la nuit ce qui compte c’est que les autres croient. Enfin et surtout il ne se met pas en valeur, il dirige vers le Christ. Or il est bien dit que nous sommes un peuple de prophètes (souvenons-nous de notre baptême). Donc bien au-delà de nos préocupations morales ou de l’application de nos codes il s’agit comme pour Jean le Baptiste du témoignage de nos vies tendues vers le retour du Christ. Comme dit Paul « N’éteignons pas l’Esprit » !

11 décembre 2011