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1ère partie – LES ÉCRITURES

 

vierge_marieMéditer en Eglise le mystère de Marie c’est aussi découvrir que la pensée chrétienne est vivante. L’immobilité n’est pas son fait. Et tout commence très tôt.

La première fois qu’il est question de la mère de Jésus dans nos Écritures Saintes c’est dans la lettre de Paul aux Galates (quelques uns de nos ancêtres repoussés au nord de la Turquie).
 
Paul avait déjà écrit aux Thessaloniciens et aux chrétiens de Corinthe et de Philippe ; nous sommes moins de 20 ans après la mort de Jésus. Le texte est lapidaire : « Dieu a envoyé son Fils né d’une femme ». Paul n’écrira rien de plus à ce sujet. Nous sommes à peu près en 55 – et, pour les spécialistes, la formule veut dire que le Christ est véritablement un homme.
 
L’Évangile de Marc (vers 70) mentionne la présence de quelques femmes au calvaire, rien de plus. C’est l’Evangile de Luc (80.85) qui répond de manière circonstanciée à notre attente déjà éclairée par Matthieu (80-90).
 
Ces deux évangélistes nous donnent des informations précieuses sur les « enfances de Jésus ». Matthieu nous parle de Joseph, tandis que Luc insiste sur le rôle de Marie. L’un et l’autre nous disent que la vierge Marie mettra son enfant au monde en demeurant vierge – les chrétiens se souviennent mieux du récit de Luc que du texte de Matthieu. Ainsi, l’épisode des retrouvailles de Jésus par ses parents au Temple, avec la première phrase retenue de la bouche du Seigneur : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? ».
 
Les trente ans de silence des textes d’évangiles seront illuminés par quelques brefs faisceaux de lumière.
 
Dans l’Evangile de Jean (85-100) on ne peut oublier la phrase de Marie aux noces de Cana « ils n’ont plus de vin ». C’est le premier des signes accomplis par Jésus et racontés dans le quatrième évangile. Ce n’est guère que le jour de la passion de Jésus qu’on retrouve Marie au pied de la croix : « Femme voici ton fils… Toi voici ta mère ».
 
A la résurrection du Seigneur il n’est pas question de la Vierge qui se trouvera présente seulement dans la Pentecôte rapportée par le Luc des Actes : sa présence éclairera le point de départ de l’Eglise.
 
On comprend que la piété des premiers disciples du Christ ait souhaité davantage. Et ce sera très rapidement la création de textes nombreux qu’on classe dans la catégorie des apocryphes (= cachés) que l’Eglise n’a pas retenus pour exprimer sa foi, mais qui intéressent les chercheurs et historiens modernes comme témoignages de la piété de nos ancêtres. Ce sont des écrits nombreux – j’en ai compté 85 sur les étagères de ma bibliothèque bible ; plusieurs sont assez connus, d’autres fort peu. Comment ne pas citer, par exemple, ‘l’Evangile de Thomas’, suite de paroles de Jésus semblables pour les 2/3 aux paroles que les évangiles canoniques nous rapportent.
 
L’un des plus célèbres est le ‘Protévangile de Jacques’ qui nous raconte avec beaucoup de délicatesse des épisodes de la vie de Marie, à commencer par sa naissance miraculeuse dans un couple longtemps privé d’enfants.
 
C’est même cet évangile qui a fait connaître à notre liturgie le nom de Joachim et d’Anne...
 
Mais laissons aux érudits le plaisir de ces découvertes pas vraiment nécessaires et accueillons le message de nos évangiles dans leur lumineuse sobriété :
 
« Exsurgens autem Maria » (Luc 139), Marie bondit vers sa cousine.
 
« Stabat juxta crucem » (Jean 1925), elle se trouvait debout auprès du Christ.
 
« Assumpta est Maria in caelum » (prière liturgique).
 
Verticalité dans la joie, verticalité dans la souffrance, verticalité dans la gloire, tous les mystères de Marie nous invitent à vivre debout. « Stabat Mater ».
 

 

2ème partie – L'HISTOIRE

 

vierge_marie2L’essentiel toutefois n’était pas là. La question première posée à la conscience chrétienne était l’écho de celle posée par Jésus à ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? », question à laquelle chacun de nous doit répondre en vérité, quel que soit le siècle.

De 325 (Concile de Nicée) à 553 (Concile de Constantinople nº II) nos ancêtres dans la foi ont tenté leurs réponses.

A Ephèse (431) le Christ est proclamé et vrai Dieu et vrai homme. La conséquence qui concerne plus particulièrement notre travail, devient lumineuse : le fils de Dieu devenu homme est UN, Quelqu’un. Donc Marie sa mère peut être déclarée  ‘Mère de Dieu’.

 A partir de ce Ve siècle la dévotion à Marie ne cesse de croître et de se diversifier. La régulation de cette piété est mieux assurée en orient qu’en occident. Quoiqu’il en soit les lieux de culte dédiés à la Vierge (églises ; cathédrales) et les pèlerinages sont de plus en plus nombreux – mais méfions-nous de nos souvenirs souvent imprécis et même quelquefois injustes.

A partir du XIe siècle on écrit de plus en plus sur le sujet, au point d’affirmer « au sujet de Marie on n’en dira jamais assez » (« de Maria numquam satis », formule attribuée sans preuve à St Bernard). Cette inflation va nécessiter des remises en ordre pour affirmer que le culte marial doit être subordonné au culte divin : l’adoration n’est due qu’à Dieu seul.

Quant à la pensée théologique, elle est très loin d’être unifiée. Ainsi l’immaculée conception ne fait pas l’unanimité et les réticences d’Albert le Grand et de Thomas d’Aquin ne peuvent passer inaperçues.

La question de l’accès de Marie à la réalité céleste est l’objet d’un consensus général mais les modalités ne font pas l’unanimité. Et le rôle de Marie dans l’histoire de notre salut aura besoin de recherches ultérieures.

Les excès sont toujours à surveiller : un évêque emporté par sa piété mariale n’allait-il pas honorer la Sainte Vierge du titre surprenant de 4ème personne de la Trinité ? Trop, c’est trop, et au slogan médiéval de « jamais assez » la réponse polémique ne s’est pas faite attendre « en ce qui concerne Marie, c’est toujours de trop ». Les combats d’idées ne favorisent pas l’équilibre de la pensée.

Bien des catholiques seraient surpris s’ils connaissaient la pensée de Luther qui avait une grande dévotion pour la Vierge. A l’occasion des fêtes liturgiques – que nous avons en commun – le grand réformateur nous a laissé environ 80 sermons sur Marie. Par la suite nos frères protestants se sont éloignés de la pensée de leurs fondateurs pour des raisons politiques plutôt que théologiques.

Pour faire court, disons qu’à partir du XVIIe dans toutes les Églises les préoccupations d’une élite savante s’écartent de la dévotion dite populaire : un nouveau « siècle marial » (1850-1950) se prépare : Renouveau des pèlerinages, phénomène des apparitions. Le dogme de l’Immaculée Conception apparaît en 1854 comme un sommet voulu par Pie IX. Ce nouveau dogme donne au catholicisme Romain un visage plus unitaire. Mais du côté des Eglises de la Réforme, comme de l’Orthodoxie, ce dogme constitue une pierre d’achoppement supplémentaire.

Le XXe siècle continue les développements de la théologie et de la piété mariales, une vraie émulation entre ces deux mouvements. Du côté de la piété, amplification du phénomène des apparitions, mais les autorités religieuses sont plutôt réticentes. La ferveur mariale joue un grand rôle dans la pastorale.

Du côté de la liturgie et de la théologie un développement important : les congrès marials se multiplient, fortes pressions des sociétés d’études mariales. Le terme « Mariologie » apparaît pour souligner l’autonomie de ce secteur. Avec Pie XII on atteint un sommet : il définit l’Assomption de Marie comme dogme de foi : c’est ajouter une difficulté majeure pour le dialogue œcuménique.


 

3ème partie – VATICAN II

 

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C’est dans ce paysage lisse et sans surprise que Jean XXIII convoque un concile général et ouvert à l’ensemble des disciples de Jésus-Christ (1962-1965). Le moins que l’on puisse dire c’est que la Curie freine des 4 fers : évidente mauvaise volonté – les gens du pouvoir craignent que le pouvoir leur échappe.

Ils avaient préparé des schémas de discussions d’une grande banalité et dès la première réunion générale les choses basculent. Les cardinaux Liénart et Frings s’emparent du micro et au nom de toute l’assemblée refusent ce fait accompli : Les schémas de travail préparatoires et la nomination des membres des commissions sont exclusivement de notre responsabilité. L’incroyable marée d’applaudissements entraîne toute l’assemblée. Le concile a dès le début indiqué sa couleur.
 
En ce qui concerne la théologie mariale les choses n’étaient pas claires et surtout pas clarifiées.
 
De nombreux Pères attendaient au moins de nouveaux titres de Marie - sinon une définition nouvelle - «Il fallait ajouter de nouvelles pierres précieuses à sa couronne». Mais beaucoup exprimaient leurs réticences devant ce qu’ils estimaient être une «inflation mariale».
 

La question était claire, lors de la 2ème session de 1963 : souhaitez-vous un document exclusivement consacré à la Vierge Marie ou faut-il introduire le thème marial dans un chapitre du grand texte sur l’Eglise ? Une propagande intense et parfois même passionnelle se développa jusqu’au moment du vote. Le résultat provoqua la consternation : 1174 voix pour ; 1074 contre. Le concile se trouvait coupé en deux. Il y eut des larmes mais ce vote manifestait une large volonté de porter un coup d’arrêt au mouvement marial tel qu’il se développait jusqu’à ce moment-là.

Paul VI demanda alors d’intégrer Marie au schéma sur l’Eglise. Le schéma fut complètement réécrit avec l’intention de situer Marie dans le mystère du Christ et de l’Eglise, chapitre d’une grande sobriété, très biblique et patristique. Il fut voté à la quasi unanimité, et promulgué avec “Lumen Gentium” le 21 novembre 1964.

Et depuis le Concile ?

On craignait une baisse de la piété catholique envers Marie. Ce ne fut pas le cas. À une époque de grande désaffection de la pratique religieuse et sacramentelle la dévotion mariale s’est maintenue : le peuple chrétien ne marche pas du même pas que les théologiens.
 
Ce qui est très remarquable en cette fin du XXème siècle et en ce début du XXIème siècle c’est la fécondité de l’initiative de l’Abbé Paul Couturier, prêtre de Lyon et grand apôtre de l’œcuménisme (on lui doit la prière de la Semaine Mondiale pour l’unité des chrétiens). En 1937 (!) il eut l’idée audacieuse de réunir à l’abbaye des Dombes (près de Lyon) quelques amis prêtres catholiques et pasteurs protestants. Au fil des ans le groupe s’est étoffé (environ 40 participants).
 
Après quelques dizaines d’années où furent abordés des sujets sensibles comme le ministère épiscopal (1976), le ministère de communion dans l’Eglise universelle (le rôle du pape) (1985), ce fut l’audacieux et remarquable «Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints» (1997) où les participants – tous de très haut niveau – nous font découvrir qu’on peut avoir une foi commune s’exprimant de manières diverses, respectueuses des autres et où la priorité est donnée à la prière.
 
Notre recherche ne s’arrête pas là. Le groupe des Dombes pointe les difficultés qui demeurent encore.
 
Retenons pour faire court :

La question de la «coopération» controversée de Marie à l’œuvre du salut, l’ambiguïté de l’expression «les frères et sœurs de Jésus», les dogmes catholiques de l’Immaculée Conception et de l’Assomption avec la volonté de ne pas majorer nos différences : on peut sourire en pensant que l’Eglise institutionnelle n’a jamais mis à la porte ni Saint Bernard, ni Saint Thomas d’Aquin parce qu’ils ne croyaient pas à l’Immaculée Conception !

Et il n’est pas mauvais que nos frères protestants nous invitent à plus de rigueur lorsque nous parlons de la prière : en toute vérité notre prière s’adresse à Dieu seul. On ne prie pas les saints, on les «invoque» afin qu’ils prient Dieu pour nous (Sainte Marie, priez pour nous...).
 
***

 

Oui, nous avons fait des progrès. Prions avec confiance pour la conversion de nos Eglises. Que Marie ne soit plus jamais le prétexte de nos divisions.

Les signes du temps nous invitent les uns et les autres à abandonner les théologies de confrontation pour aller vers des théologies de concertation. Alors un jour, quand Dieu voudra, nous pourrons célébrer ensemble la communion – enfin partagée.
 

PRIERE

Notre-Dame des tâches monotones,
Notre-Dame des lessives sans fin,
Notre-Dame des jours sans joie,
Notre-Dame des nuits sans repos,
Notre-Dame des lendemains incertains,
Notre-Dame des fins de mois sans argent,
Notre-Dame des années sans vacances...
 
Ménagère sans façons, voisine sans histoire,
disponible à toute heure et tenace à la tâche :
de ton Noël de mal logée au dénuement de nos taudis,
de tes angoisses de mère à nos tracas pour les enfants,
de tes menus services aux gestes de notre entr’aide...
 
De ta vie pauvre mais joyeuse à nos envies,
à nos calculs, je te salue Marie...
Mère de l’humanité,
tu veilles au berceau du monde qui se construit.
Cette humanité-là, c’est encore ton Fils qui grandit..
En ton immense joie, à l’aube de Pâques,
En ton profond amour, au matin de chaque jour,
Nous reconnaissons Jésus-Christ
Pour notre résurrection et notre vie.
 
Louis Rétif

 

Le meilleur moyen de connaître Notre-Dame, c’est de partager son humilité, sa discrétion, sa pauvreté, son effacement et sa solitude. Sans Marie, la connaissance même du Christ n’est que pure spéculation, mais en Marie elle devient expérience, parce qu’elle a reçu l’humilité et la pauvreté sans lesquelles on ne peut connaître le Christ. (Thomas Merton)

 

 


 

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Messe en français tous les dimanches à 11h15.

Lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi: messe à 18h30.

Les confessions sont proposées chaque jour après la messe sur demande.


L'église se trouve au croisement de Rua das Portas de Santo Antão et Beco São Luís da Pena, près de la salle de spectacle "le Coliseu", Metro, Bus et Parking auto : Restauradores. L'accès au rectorat se fait sur le côté de l'église.

Père Hubert de Balorre

Recteur: Père Hubert de Balorre

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