« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »

Le radicalisme de cette page d’Evangile surprend. Bien sûr quand on oppose d’une manière abrupte la vie arrogante d’un milliardaire peu scrupuleux et la générosité constante d’une sœur Emmanuelle, nous comprenons bien Jésus. Mais on observe aussi des gens très riches qui sont des croyants convaincus, généreux et soucieux de justice, aussi bien que des gens modestes, égoïstes et avares !

Jésus n’a pas condamné l’argent comme moyen. Il s’en est servi et ses apôtres aussi. Mais il nous met en garde contre l’idolâtrie des richesses et la séduction des biens matériels. Cette obsession de l’argent est si puissante que la Bible la personnifie en Mammon, une figure diabolique contraire à Dieu, qui saisit l’homme et l’aliène, comme un maître exigeant à qui l’on doit tout sacrifier.

 

1 – C’est un vrai combat. Depuis la nuit des temps, quand l’avoir prime sur l’être, quand la corruption organise l’injustice, quand la course au profit devient l’objectif premier des personnes et des systèmes politiques, c’est l’enchaînement des désordres, des jalousies et des frustrations qui conduisent irrémédiablement aux violences et aux guerres. Songez aux origines de nos crises financières et de la révolte des peuples : vous y trouverez Mammon en bonne place. L’argent idolâtré divise jusqu’au cœur des familles, et cette addiction aux biens matériels commence avec la séduction irrésistible des nouvelles technologies et des jeux.

 

2 – Pour Jésus ce choix entre l’argent et Dieu concerne la Vie. Il interroge notre attachement au vivant. Le dominicain Lacordaire disait : « Je ne comprendrai jamais ceux qui mangent boivent et dorment, qui gagnent mille ou deux mille écus par an, et qui appellent cela vivre ! » Vivre c’est en effet bien plus qu’exister avec quelques objectifs de survie et de conservation. Vivre, c’est aimer, c’est servir, donner, organiser des relations justes et fraternelles. Cela demande d’interroger nos priorités, nos objectifs, nos désirs et nos projets. Nos « désirs courts » prennent souvent le pas sur nos « désirs longs ». Désirs courts qui nous saisissent à l’entrée d’un grand magasin avec la satisfaction de remplir un caddy de bonnes choses, parfois inutiles. Désirs longs et profonds de justice et de paix, de beauté et de bonté, qu’on repousse souvent loin de l’insatiable besoin de confort et de consommation.

 

3 – Pour Jésus ce choix entre l’argent et Dieu concerne la Vie ici, mais aussi l’éternité. « Qui d’entre vous à force de souci peut prolonger tant soit peu son existence ? » Bien sûr, si on pense que la vie s’arrête aux portes de la mort, la logique est d’en profiter au maximum, de consommer jusqu’à plus soif, de jouir de l’existence sans retenu. Or Jésus s’adresse à ceux qui croient en la Vie éternelle, en cette vie pleinement épanouie au soleil de Dieu. Pas la peine de thésauriser, sauf sans doute pour aider ses enfants et ses petits enfants. Mais expérimenter d’abord ce qu’aimer veut dire, car l’amour sera au centre de l’éternité.

 

4 – Pour Jésus il est question de service. On peut se servir de l’argent pour servir Dieu, puisque l’argent est un moyen. (Voir le passage on se fait des amis avec l’argent). Mais on ne peut pas se servir de Dieu pour servir nos intérêts. Demandons nous quel réflexe de conscience domine en nous : celui qui nous appelle à l’avoir, au pouvoir et à la gloire, ou celui qui nous invite au partage, au service et à la simplicité ? Ce sont des tentations communes, que Jésus lui-même a ressenti (Voir les tentations au ch. 4, 1-11 de Matthieu) Servir Dieu, c’est le mettre au centre, c’est puiser en lui un amour réel et juste, afin de servir les autres et le bien commun.

 

5 – Pour Jésus enfin il est question de confiance et de sérénité. Certains penseront : « Mais si Dieu nourrit les oiseaux et habille les fleurs des champs, pourquoi me laisse t-il me débattre avec angoisse et sans aide, quand l’échec ou le chômage m’atteignent ? » Quand on sait la pression exercée sur quasiment tous les métiers, pour ces fameuses obligations de résultats, stock-options et profits d’actions, n’y a-t-il pas un certain angélisme à évacuer tous les soucis, surtout quand on charge de famille ?

Jésus n’est pas naïf et sait les difficultés de la vie. Mais il nous apprend qu’il y a une logique de la création, féconde et disponible pour le bien de tous, à partir du moment où l’homme ne gaspille pas ses biens mais les partage. La terre est à tous, et Jésus nous invite à bannir une logique marchande qui l’épuise au profit d’une minorité, pour en partager les fruits avec l’ensemble de la famille humaine.

Jésus nous demande d’entrer chacun pour notre part dans la logique du vivant : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (C’est le passage précèdent). La logique non pas des coffres, mais des cœurs. Cette logique nous appelle à une inversion des choix : non plus l’obsession de réussir dans la vie, mais la joie de réussir sa vie.

Ce choix bien sûr s’inscrit dans l’éducation chrétienne de nos enfants : « Les rôles doivent être constants dans le temps. Chez nous, les enfants apprennent l’obéissance, l’altruisme, la douceur, valeurs qui ne seront pas reconnus au sein d’une société adulte compétitive. Il en résulte une rupture entre ces rôles consécutifs, et c’est souvent à l’adolescence que l’individu prend dramatiquement conscience de l’incompatibilité entre les valeurs qui lui ont été inculquées et celles qui permettent de « réussir » ! Anne-Marie Rocheblave Spenlé, psychologue.
 
Cette page d’évangile juge notre amour de l’argent, bien sûr, mais elle se veut une page de sagesse et de bon sens qui oriente notre vie vers le primat de l’amour et du don. En opérant cette conversion, nous n’offrons plus de résistance à la grâce. Nous devenons davantage disponibles pour aimer, être aimés, de cet amour originel et vital qui naît du coeur de Dieu.

 

Lisbonne – 27/02/11

 

 


 

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